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L'atelier BUTET Sellier : de fils en aiguilles
Retour en 1986. L’atelier BUTET s’installe à Saumur.
En son sein, un peu moins de 10 artisans selliers confectionnent les premières selles qui feront la renommée de la marque.
A cette époque, la selle BUTET prend déjà toute sa dimension artisanale avec une confection intégralement réalisée à la main. Sa fabrication compte des jours entiers de travail et passent ainsi entre les mains expertes de ses créateurs.
Deux machines à coudre, c’est tout ce qu’il a fallu à la structure pour développer ses premières selles d’exceptions.
Telles des petites mains, ces premières machines étaient utilisées pour embellir les surfaces visibles, permettant ainsi une finition quasi parfaite de chaque pièce de cuir. Les aiguilles tapotaient les courbes arrondies des quartiers et des petits quartiers, et finissaient de parfaire les lignes élégantes de chaque selle.
L'évolution de l'atelier BUTET…
Si la machine a toujours existé au sein de l’Atelier, son utilisation, quant à elle, a nettement évolué au cours du temps. Nicole, couturière depuis 31 ans dans notre Atelier, nous raconte sa passion du fil et de la selle BUTET.
« J’ai commencé en 1986 au sein de la société Frédéric BUTET. J’ai connu nos premiers locaux, notre premier Atelier, déjà basé à Saumur. Puis le nouvel atelier BUTET , la première pierre posée au sol et les grandes avancées qui s’en sont suivies.
A cette époque, nous étions 8 artisans, tout le monde touchait à tout, et on faisait des selles en très petite quantité. C’était vraiment l’artisanat tel qu’on l’imagine : le produit passe de main en main pendant des heures, les outils sont tous manuels, et le travail est de dur labeur, parfois, bien que chacun s’y attache avec passion.
En 1986, nous comptions seulement 2 machines. On avait une machine qui tenait bien la route et l‘autre était une petite machine d’appoint. En 1990, Mr BUTET nous a équipé de nouvelles machines et c’était déjà un grand pas pour nous. Mais c’est en 2005 que nous avons réellement atteint l’objectif ultime avec une nouvelle machine ultra performante nous permettant de coudre les sièges à la machine. A cause de l’épaisseur du cuir, il était impossible de considérer la machine à coudre pour nous donner un coup de pouce. Grâce à cette nouvelle technologie, nous avons commencé à produire intégralement les sièges en 15 minutes contre 1h30 auparavant. C’était une réelle innovation pour nous. Non seulement en termes de gain de temps mais aussi pour nos mains abimées par les gestes répétés de la couture à la main. Cela nous a vraiment soulagé et nous a donné un confort indiscutable à nos postes. Aujourd’hui, nous sommes en 2021 et nous comptons 6 machines en tout, dont 2 qui servent à la couture des sièges. Ces deux dernières sont toujours entre les mains des mêmes personnes et leurs configurations ne bougent pas d’un fil pour éviter les dérèglements éventuels. Seules Marie et moi-même sommes sur ces postes de travail en attendant de léguer notre savoir-faire aux plus jeunes en cours de formation. »
… et la transmission du savoir-faire dans l'atelier BUTET.
En effet la formation en couture au sein de l’Atelier est très progressive. Les jeunes recrues commencent généralement par de petits travaux tels que la couture des passants d’étrivières. Elles sont ensuite challengées sur la couture de contresanglons et de quartiers. Des travaux encore plus minutieux leur inculquant la philosophie de la couture au sein de l’Atelier mais aussi les leçons à retirer de chaque erreur pouvant survenir. Enfin, quand leur expérience le permet, les artisans finissent par confectionner les sièges, ultime étape dans la section « couture ». L’enjeu de la couture d’un siège peut avoir des répercussions sur l’ensemble de la selle, sur son assemblage mais aussi sur la précision de ses mesures. La minutie et l’expérience de ces talents est de rigueur à chaque instant.
C’est ainsi que Coralie, avec près de 10 ans d’expérience, emprunte le sillage de ses aînées et s’apprête à prendre la relève à la fin de l’année.
Actuellement créatrice de notre iconique V sellier sur nos selles doublées (mais pas que !), Coralie a passé en revue plus de mille et une façon de coudre depuis ses débuts. Touche à tout et ultra minutieuse, elle porte sur ses pièces de cuirs un véritable regard de chirurgienne. Elle nous explique ainsi que l’enjeu ne se résume pas à une finition parfaite grâce à des points aussi réguliers que précis, mais que la solidité et la fiabilité de ceux-ci sont également gage d’exception sur toutes nos selles. Ainsi, la tension exercée sur chaque pièce de cuir diffère selon son rôle premier. Par exemple, la sur sollicitation des passants d’étrivières exige une tension optimale et un nœud serré à son maximum. En dernière garantie de sécurité (mais aussi d’esthétisme), les fils sont brulés puis tapés contre le cuir pour les fondre pleinement dans celui-ci, les rendant totalement invisibles et indestructibles.
La couture, une affaire collective dans l'atelier BUTET
Si pour beaucoup la couture est associée à une sensibilité féminine et aux doigts de fées de ses artisans, chez BUTET la couture est l’affaire de tous. La couture fait en effet partie intégrante de la conception de la selle, du début à la fin. Nos créateurs en ont bien compris l’enjeu. Paul, artisan sellier depuis 5 ans au sein de notre Atelier, coud avec une seule idée en tête : réaliser des points irréprochables pour faciliter le montage final de la selle par ses collaborateurs. Effectivement, après plusieurs années à différents postes et responsabilités, Paul applique une rigueur indiscutable à la couture qu’il livre à son équipe. Des points aussi réguliers que possible, une peau bien tendue et une couture « bien au bord » sont ses ingrédients qui le guident vers un travail d’excellence. Mais si cette minutie implique ses collaborateurs en majeure partie, il affirme aussi que la philosophie avec laquelle il réalise ses travaux consiste à penser qu’aucun détail n’en est un. Quelle que soit la pièce de cuir, chacun des artisans avance avec l’idée que même les finitions invisibles en surface se doivent d’être à l’image des selles : exceptionnelles et irréprochables.
Les doigts courent ainsi sur la matière comme des petites fourmis sur une branche. Les gestes, en guidage automatique, réalisent des points millimétrés sur les pièces de cuir aplaties sous la tension de la machine. Elles vont, elles viennent, coupent, enfilent le fil, et font glisser la peau sous l’aiguille épaisse, sans aucune hésitation. Les outils passent et repassent à travers les différents postes et d’aucun ne se retrouvent entre de mauvaises mains. Chaque artisan connait sa machine, son alène, son aiguille. Par cœur. La prise en main ne trompe pas et c’est exactement de cette exigence là que naissent nos plus belles finitions et vos plus belles histoires.